La source de Saint-Placide-de-Béarn

Ludger Héroux, le 26 août 1910, avait officialisé devant notaire l’acquisition d’une terre collée au village de Saint-Placide de Béarn. Son installation sur cette terre remontait en fait à 1904. Cette terre avait été pour la première fois exploitée par Ambroise Bellehumeur à compter de 1890; Ambroise Bellehumeur faisait partie de la famille qui avait fondé Béarn vers 1885.

Ambroise Bellehumeur, photo tirée des archives de la Société d’Histoire du Témiscamingue, cote FCB2-6-25 FP.

Les terres au village de Béarn. On note que les terres d’Ambroise Bellehumeur sont rapprochées du centre du village. Carte tirée de Album Souvenir 1959 – jubilé d’or Sacerdotale du Chanoine Joseph Lachapelle , publié en 1959.

La terre de Ludger Héroux était le lot 9B, rang I du canton de Laverlochère. Le 24 avril 1918, M. Ludger Héroux a officialisé un accès à Alphonse Gaudet ( qui était son gendre via le mariage de Doria Héroux en 1913) pour qu’il puisse exploiter la source située sur sa terre afin d’alimenter le village de Saint-Placide. L’acte notarié ( acte 6869 du canton de Laverlochère ) garantit à M. Gaudet les droits pour la construction …
« (d’)un aqueduc à partir de la dite source en passant par les bâtisses du présent vendeur pour sortir ensuite au chemin public par le plus court chemin possible; et d’y faire les creusages nécessaires pour placer ses conduites, et par conséquent aussi le droit de passage sur les dites propriétés pour exécuter les travaux de construction d’un barrage et d’un aqueduc. »
L’acte spécifie que les conduites devront être à au moins 15 pouces dans le sol, afin de ne pas nuire aux cultures; en fait, plus loin, on parle plutôt d’un minimum de cinq pieds sous terre afin d’éviter le gel hivernal. Le bassin d’alimentation devra être entouré d’une clôture afin d’éviter la contamination ou les accidents avec les animaux. Ces droits sont payés 200$ au comptant par M. Alphonse Gaudet. La source était connue déjà des Bellehumeur et les villageois s’y approvisionnaient depuis des années. Extrait de Album Souvenir 1959 – jubilé d’or Sacerdotale du Chanoine Joseph Lachapelle , publié en 1959, page 81:
 » À mesure que le village s’allongeait, de nouveaux commerces ouvraient leurs portes. Quelques rentiers avaient déjà leur maison au village, une boutique de forge s’imposait pour les réparations indispensables et le ferrage des chevaux, mais une chose essentielle manquait: les villageois devaient transporter l’eau à la tonne, d’une source située à environ 2000 pieds de l’église. »
Une petite pause: on parle de Béarn en 1918; mais de quoi avait l’air cette ville, à cette époque? Le répertoire Affaires de Lovell (disponible à la BANQ) de 1917 nous répond ceci, et c’est très intéressant :
Une population de 50 habitants, dont un nombre d’habitant sans doute beaucoup moins concentrés au cœur du village. C’est donc pour ces gens que le projet d’aqueduc est mis en route. On note par ailleurs que Ludger Héroux y est affiché comme propriétaire d’un moulin à scie.

Photo d’Alphonse Gaudet et de sa femme Doria Héroux vers 1920 (Société d’Histoire du Témiscamingue, cote PH6-7-35-FP)

Cependant, le destin frappe: durant l’été 1918, la grippe espagnole décime la famille Héroux. La première à en décéder fut Marie-Rosa Héroux, 15 ans, le 18 mai 1918. Emma Plante, sa mère, qui avait été au chevet de sa fille fut frappée par cette maladie et le 31 mai, elle décédait à son tour. Ludger qui avait accompagné sa fille et son épouse dans la maladie rendit l’âme quelques semaines après le 27 juin 1918.  Au moment de ces décès, Marie-Ange (7 ans), Amable (9 ans) et Flore (13 ans) étaient encore à la maison.

Notice funéraire de M.Ludger Héroux. Société d’Histoire du Témiscamingue, cote PH6-7-82-FP.

Les parents n’ayant pas écrit de testament, Henri et Arthur se sont engagés  à remplir les engagements de leur père Ludger qui devait 1700$ à des créanciers et ont administré la ferme familiale. Ils ont également repris l’opération du  moulin à scie de leur père.
Face à ce coup dur de la vie, les enfants plus âgés, qui étaient mariés, accueillirent les trois derniers et s’occupèrent de leur confort et de leur éducation. Doria Héroux et son mari Alphonse Gaudet prirent Marie-Ange et Flore tandis qu’Amable a été vivre chez son frère Arthur et son épouse Lucinda .
En 1926, ne pouvant faire face aux obligations d’emprunt, la ferme fut mise en vente, le dimanche 5 octobre à dix heures le matin, à la porte de l’église de Saint-Placide-de Béarn[1]. Pour un montant de 2 110$, Isaïe Doire (Douaire), un résident de Lorrainville,  en a fait l’acquisition en payant comptant et la vente est scelée par un acte notarié le 2 juillet 1927. Plusieurs des détails historiques de cette époque concernant la famille Héroux proviennent d’informations compilées par M. Gérard Héroux lors de ses recherches généalogiques.
Pour en revenir à la terre, mon grand-père Rosaire Douaire la racheta de son père Isaïe le 23 juin 1930 pour 2000$, payable en versements de 50$ sur une période de 10 ans. Il s’y installa avec son épouse Pauline Morin afin de fonder sa famille.
Selon plusieurs références, c’est en 1928 que le développement autour de la source débuta par Alphonse Gaudet et son voisin, Albert Gaudet. Dès cette époque, un moulin à vent avait été érigé sur l’emplacement de la source; la source était protégée du froid par un bâti situé entre les quatre poteaux du moulin. Ce moulin à vent pompait l’eau jusqu’au village, où Alphonse Gaudet avait sa maison, un peu au sud la montée à Vio.

Photo tirée des archives de la Société d’histoire du Témiscamingue, cote FCB2-3-30 AB.

Photo tirée des archives de la Société d’histoire du Témiscamingue, cote FCB2-3-31 AB.

Les images ci-dessus montrent les travaux de remplacement du premier moulin à vent par un second moulin de plus grande taille. L’année de ce remplacement demeure inconnue.

Source inconnue, tirée de Pinterest.

Selon les souvenirs de mon père, ces moulins étaient de la marque Canadian AirMotor, dont je reproduis une publicité ci-dessus.
Provenant du moulin à vent, l’eau montait au village dans un tuyau d’acier de deux pouces enterré à cinq pieds de profondeur dans le sol. Au village, au nord de sa maison, Alphonse Gaudet avait érigé une citerne de 5000 gallons semblable à celle utilisée sur les chemins de fer. Cette citerne accumulait l’eau et la redistribuait via un réseau d’eau potable dans le village. Elle était protégée du froid par un bâtiment octogonal, et sous la citerne se trouvait un poêle que l’on devait chauffer durant l’hiver afin d’assurer que l’eau ne gèle pas. Le moulin était livré aux caprices du vent. Par temps calme, on commença à utiliser un moteur à essence. Monsieur Gaudet allait démarrer le moteur le matin, et le moteur pompait l’eau jusqu’à ce que l’essence vienne à manquer. Mon grand-père obtenait l’eau gratuitement comme dédommagement pour les allées et venues pour assurer l’opération la source.

La famille Gaudet visitant la source sur la terre de Rosaire Douaire. Photo tirée des archives de la Société d’Histoire du Témiscamingue, cote FCB2-6-101 FP.

La photo ci-dessus montre la famille Gaudet à la source. On note à l’avant-plan une pompe à eau mue par un moteur à essence; et à l’arrière, en haut de la colline, la ferme de Rosaire Douaire, située tout près du village. On constate ici de visu le long trajet que l’eau devait faire avant de rejoindre le village.

Phototèque nationale de l’air à Ressources naturelles Canada, Cote A6421-063. Détail du village de béarn, 30 mai 1935 (altitude: 12000 pieds). La ligne rouge sur le plan indique le tracé approximatif de l’aqueduc de la source à la citerne.

Phototèque nationale de l’air à Ressources naturelles Canada, Cote A6421-063. Détail du moulin en 1935. À droite, j’indique la position exacte de la source, où on voit le bâtiment de pompage(le carré rouge), de même que l’ombre de la tour du moulin (le trait rouge). On voit en outre la décharge de la source, qui s’écoule vers le sud.

Phototèque nationale de l’air à Ressources naturelles Canada, Cote A9398-023. Photo prise en le 24 septembre 1945 (altitude: 11900 pieds).

Mon père se rappelle un feu qui s’était déclaré là à l’hiver 1944, alors qu’il se trouvait en classe dans la petite école du village: la citerne du village fut complètement détruite. On ne reconstruisit pas la citerne: à partir de ce moment, on utilisa constamment un moteur à essence pour alimenter la pression du village. Ce n’était pas très commode.
Un nouveau projet pris forme:
Le 21 avril 1944 naissait donc la coopérative d’aqueduc ayant pour président M. Léo Brault, comme directeurs O.D. Gaudet et Côme Gaudet et pour secrétaire-gérant Jules Gaudet. Des améliorations ont été apportées et à date (NDRL: en 1959) un réservoir de 22000 gallons à proximité du village assure un bon approvisionnement à la population[2].
Le projet de la Coopérative d’Aqueduc de Béarn était colossal: on avait identifié une source à cinq miles dans la montagne, en arrière de chez M. Gaudet, le long de la route à Vio (ainsi nommée en l’honneur de Sylvio Gaudet, dont la famille était établie le long de ce chemin). La coopérative racheta un lot de tuyaux d’acier usagés provenant d’une mine de la région de Sudbury. On creusa une tranchée de cinq miles, à six pieds de profondeur, pour enterrer le tuyau de deux pouces. On avait enduit le tuyau de goudron afin de prévenir la corrosion. Une énorme citerne avait été construite au pied de la montagne, coulée en béton, près de 6 et 7 rang S. Lorsque l’eau commença à couler vers le village, le goudron avait contaminé l’eau; cela prit un certain temps avant que l’eau soit potable. Cependant, à peine remplie, la citerne connut un problème majeur: le béton utilisé pour construire la citerne n’avait pas été armée d’acier, et elle explosa sous le poids de l’eau! On dû la reconstruire. Cette partie de l’histoire mériterait plus de recherches. À venir, sans doute…!
L’été suivant la construction de ce nouvel aqueduc, on réalisa que l’eau manquait; on dû donc allonger la prise d’eau afin d’aller la chercher encore plus loin dans la montagne.
Pendant ce temps, Rosaire Douaire a obtenu l’autorisation de s’alimenter à la source pour sa ferme. Mon grand-père fit donc deux traits de labourage, plus un troisième au centre, afin d’ameublir la terre. On finit le creusage à la pelle pour enfouir le tuyau. Une citerne de 800 gallons fut installé dans l’étable. L’eau se rendait désormais à la maison, avec une source d’eau pure!

Notes

[1] Gazette Officielle du Québec, 1926, page 2817.
[2] Album Souvenir 1959 – jubilé d’or Sacerdotale du Chanoine Joseph Lachapelle, publié en 1959, page 81

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Vie (et mort) du pont couvert Kelly à Low, en Outaouais.

Le 19 janvier 2019, un soir de tempête de neige, le pont couvert Kelly, situé dans le secteur Fieldville de Low, en Outaouais, brûle complètement. C’est une perte totale. Les enquêteurs appelés sur les lieux à 18h soupçonnent un incendie criminel: en effet, il n’y a aucune logique à voir un pont de bois prendre feu de lui-même alors qu’une tempête de neige sévit. Il y a sans aucun doute eu un acte délibéré.

Une vidéo saisissante (et triste à mourir) de la destruction du pont a été captée par un habitant de Fieldville, et partagé par le Ottawa Citizen. Une image tirée cette vidéo partagée sur Facebook par Rick Charron capturée par se trouve ci-dessous.

Ce pont de 27 mètres de long enjambant le ruisseau Stag était en très bon état, comme on peut le voir ci-dessous, sur une photo que j’ai prise en 2017.

Et voici ci-dessous ce qui en reste près de deux mois plus tard lorsque je suis retourné sur les lieux:

Le pont aurait été construit en 1923, c’est ce qui est mentionné « partout ». Le site pontcouverts.com documente à merveille son histoire en de multiples photos prises à travers le temps. Essayons de retourner aux sources pour clarifier son histoire, ses noms.

Le premier plan de la région que je retrouve remonte à 1852, un tracé du canton de Low effectué par John Newman (cote BANQ, E21,S555,SS1,SSS1,PL.28 ). Voir ci-dessous le lieu approximatif du pont indiqué par un X rouge. Sur ce plan, j’ai l’impression que le tracé de du ruisseau Stag est trop au sud. Notons aussi que le chemin Fieldville, à cette époque, se nommait chemin Pickanock, faisant référence à un lac vers lequel le chemin était tracé. Par ailleurs, le chemin du lac Pike n’existe pas encore. Mieux encore, ce plan nous donne de bons indices quant au rang et au lot sur lequel le pont Kelly sera érigé.

Le plan officiel du canton de Low (tracé en 1901 et tiré du registre foncier du Québec) montre quant à lui que le chemin du lac Pike existe. Mais ce type de plan n’est pas à même d’indiquer plus de détails quant aux ponts ou autres ouvrages. Voir ci-dessous un extrait de ce plan, j’ai annoté en rouge les noms des chemins, de même que le « X » rouge ciblant l’emplacement du pont Kelly. On confirme par là que le pont se trouve sur le lot 38 rang VIII du canton de Low.

 

Une autre façon de connaître l’origine du pont est de comprendre sur quel lot il a été construit, et examiner les actes notariés autour de 1923. Il ne serait pas surprenant de voir que le pont aurait été construit sur la terre d’un dénommé Kelly, ceci expliquant son nom.

Mon intuition est bonne: en consultant l’index des immeubles au registre foncier du Québec pour le lot 38, rang VIII, canton de Low, je note immédiatement une transaction remontant au 23 juin 1931: un vente de Patrick Field à Joseph Kelly au montant de 650$. Voir ci-dessous, ( fond de carte tiré de l’application Demeter du CPTAQ ) la partie vendue à Joseph Kelly est entourée de rouge, le pont se trouvant à l’intersection du chemin du Lac-Pike et du ruisseau Stag:

Et l’acte de vente tel que listé dans l’index des immeubles:

Cependant, l’acte de vente 63798 ne fait aucune mention du pont qui existerait déjà en 1931. L’acte mentionne l’existence d’un chemin, on y parle de forêt, on y parle du Stag creek; mais aucune mention explicite du pont, qui aurait peut-être été inclu parmi la vague mention de « with all the improvements on said pieces of land » durant la vente.

Examinons donc les actes antérieurs à 1931, pour essayer d’y trouver une mention du pont. L’acte 20052 sur l’index ci-dessus ne mentionne pas le pont, mais est daté du 24 août 1912,  et concerne la vente de Hannah Bridget (femme of James Barry) et Mary Field (veuve de Jeremiah F. Kealey) à Michael et Patrick Field 1$ payé chacun. Voici donc… un des deux noms officiels du pont, que l’on nomme parfois Barry-Kelly, mais que l’on devrait peut-être renommer Barry-Kealey…!

En complétant les recherches, les actes antérieurs à 1931 et accessibles sur le Registre foncier du Québec ne mentionnent pas davantage de pont. Mais le site pontcouverts.com a publié une note de 1945 du service des ponts du ministère des travaux publics du Québec, et qui énonce la date approximative du début des années 1930 pour la construction du pont Barry. Je reproduis ici ce document tiré du site pontcouverts.com:

Nous y voilà donc. Une lettre qui confirmerait une construction au début des années 1930  et cela correspond à la vente de Patrick Field à Joseph Kelly de cette partie des lots 39 et 40 rang VIII au nord du ruisseau Stag. Cependant, on dit bien dans la lettre que le pont aurait été construit vers 1930, donc une incertitude demeure.

Une dernière piste à explorer: existerait-il des photos aériennes de l’époque, venant confirmer l’existence ou non de ce pont? La Phototèque nationale de l’air à Ressources naturelles Canada regorge de clichés aériens, certains remontant au début des années 1920, et couvrant tout ou pratiquement tout le territoire du Québec!

Par chance, après quelques recherches, je constate qu’il existe des photos aériennes de 1927 et 1930 de cette région! Des images numérisées à très haute résolution sont disponibles moyennant des frais, je passe donc une commande et j’attends avec impatience la livraison de la marchandise.

Sans plus de détours: le pont apparaît bel et bien sur les photos de 1927. Voir ci-dessous deux extraits de la photo ( cote HA274-002, 2 juin 1927, à 9 000 pieds ) montrant clairement le fameux pont:

Par ailleurs, la photo du 12 octobre 1930 (cote: A2962-84, prise à 10 000 pieds ) est moins claire, mais j’en reproduis néanmoins un extrait ci-dessous.

 

Conclusions:

  1. La lettre rédigée en 1945 par Marcel Crépeau (au service de la voirie) faisant remonter la construction du Pont Barry au début des années 1930 est inexacte, comme en font foi les photographiques aériennes. À la décharge de M.Crépeau, il utilisait le conditionnel pour référer à l’année de construction du pont.
  2. Le pont couvert a été construit en 1927 ou avant, en font foi les photos aériennes de l’époque.
  3. Ce pont couvert est parfois nommé Kelly. Ce rappel remonte aux propriétaires des lots 39 et 40 rang VIII du canton de Low entre 1931 et 1953, Joseph Kelly et son fils Joseph Kelly Jr. Par ailleurs, ce pont pourrait aussi référer à Jeremiah F. Kealey, vendeur d’une partie de ces mêmes lots (via sa veuve Mary Field) le 24 août 1912 (acheteurs: Michael et Patrick Field).
  4. Le pont est parfois nommé Barry, rappel honorant James Barry, vendeur d’une partie de ces mêmes lots (via sa femme Hannah Bridget ) le 24 août 1912 (acheteurs: Michael et Patrick Field).
  5. Le chemin du lac Pike, sur lequel le pont Kelly a été construit, a été tracé entre à une date inconnue entre 1852 et 1901.
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Saint-Placide-de-Béarn – rang II – au Témiscamingue

La photo ci-dessous, tirée des archives du Québec ( BANQ 08Y,P13,S1,D2), est précieuse: elle remonte à une époque lointaine, un mode de vie disparu. On devine qu’il y a peu de mécanisation dans ce milieu agricole à l’époque où la photo a été prise. Cependant, son contexte reste flou: l’archive fait référence à Béarn, mais sans date, sans lieu exact, sans le nom du photographe. Malheureusement, une grande partie de nos archives se trouvent dans cet état – sans trop d’indices sur leur contexte.

Par chance, je montre cette photo à mon père, et immédiatement, il peut identifier de mémoire les fermes, de la plus près à la plus lointaine: « Ti-Nord » Lessard, Alcide Lessard (frère du précédent), William Morin, Nazaire Perrault, Andréas Lepage.

À la droite du chemin, il s’agit des terres du rang I. Aujourd’hui, on a renommé le chemin du rang II la Montée de la source. À l’aide de ces importantes informations, je vais tenter de déterminer le lieu exact de cette photo et, si possible, la date approximative de sa prise.

Le plus facile pour commencer la recherche est d’aller sur le site de la Commission de Protection du Territoire Agricole, la CPTAQ. L’application Demeter peut fournir l’information des cadastres du canton de Laverlochère, avant la réforme du cadastre. En d’autres mots, on y retrouve les concepts de rangs et des lots qui existaient au moment de la colonisation. On peut aussi aller sur le registre foncier du Québec. On voit que le canton a été érigé en 1895, et que le tracé des lots fut institué en 1916.

Assez rapidement, une surprise survient: là ou se trouvent des terres agricoles dans l’actuel rang I, on voit une mention de lac qui ne s’y trouve plus aujourd’hui. Peut-être une zone marécageuse qui a été drainée? Mon père a le souvenir d’un barrage de castor sur le cours d’eau qui avait causé une crue des eaux. À explorer plus tard…! En outre, le chemin du rang II, en bleu ci-dessous, a été redressé à une certaine époque, et passe maintenant entre les lots 11 et 12 du rang I. Sur le plan ci-dessus, ce rang suit le bas de la montagne, et sans doute que le trajet entre les lots 11 et 12 du rang I était impraticable à cause de la zone marécageuse.

Revenons cependant au rang II: on comprend rapidement, en regardant les actes notariés, que la photographie a été prise franc sud, sur le rang II, à la limite des lots 19 et 18. Sur la croix en rouge sur le plan ci-dessus, à la jonction de la Montée de la source et du Chemin de la mine, à Béarn.

Rang II, lot 17: Léonard Lessard, propriétaire entre 1927 et 1968 (d’où le surnom « Ti-Nord »)

Rang II, lot 16: Alcide Lessard, propriétaire entre 1928 et 1965.

Rang II, lot 15: William Morin, propriétaire entre au moins 1923 et 1948.

Rang II, lot 14: Nazaire Perreault, propriétaire entre 1917 et 1946.

Rang II, lots 13A et 13B: Andréas Lepage, propriétaire entre 1937 et 1956.

Donc, la photo a été prise entre 1937 et 1946, aux coordonnées 47.318650 Nord, 79.307896 Ouest.

Par ailleurs, la Société d’Histoire du Témiscamingue possédait dans ses archives ( cote PH6-8-1-TC ) une vue alternative du même panorama, mais sans doute captée à une date légèrement différence.

Il ne restera plus qu’à reprendre la même photo cet été… 🙂

 

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Le métier de cordonnier

J’ai retrouvé un texte écrit en 1979 par un certain Normand Blais, alors étudiant au collège du Nord-Ouest à Rouyn. Ce texte porte sur le métier que mon grand-père exerçait, i.e. le métier de cordonnier. C’est un travail académique qui a son intérêt, je me permets de le reproduire ici en entier. On se rend compte qu’un cordonnier avait un rôle fort important à l’époque de la colonisation, et surtout avant la mécanisation des travaux de la ferme.


INTRODUCTION

L’étude des métiers traditionnels nous renseigne sur le genre de vie sociale que l’on y vivait à une époque correspondante. L’analyse du métier de cordonnier nous permet de cerner, ou du moins, de visualiser dans une certaine mesure le rôle social que ce dernier joue. C’est donc pour mieux comprendre la société que l’on en étudie les constituantes. Un modeste cordonnier de village, Rosaire Douaire, nous renseigne sur son métier.

Voyons qui est cet homme? D’où vient-il? Que fait-il, enfermé dans son atelier, parmi des outils que l’on ne rencontre pas ailleurs?

BIOGRAPHIE

A. Qui est-il?

Rosaire Douaire est né le 8 novembre 1905 à Lorrainville, petit village du Témiscamingue. Son père, Isaïe Douaire, et sa mère, Florida Lambert, habitaient Saint-Didas, une petite localité près de Joliette. Son père était cultivateur de son métier, il a travaillé une bonne partie de sa vie sur une terre de roche. Comme plusieurs l’ont fait à cette époque, Isaïe s’exila vers les Etats-Unis, où lui et sa femme eurent deux enfants pendant les six ans qu’ils restèrent là-bas.

Les parents de Rosaire parvinrent à amasser, de peine et de misère, la somme de$100.00 et décidèrent de revenir a Saint-Didas avec l’intention de s’installer au Lac Saint-Jean. Peu à peu, le Témiscamingue commençait à les intéresser et décidèrent enfin de venir s’y installer.

À son arrivée au Témiscamingue, Isaïe et sa famille durent faire face aux nombreux problèmes que posent les débuts de la colonisation. Rosaire fit ses études à Lorrainville jusqu’à l’age de douze ans. Après quoi, il alla étudier deux ans au Collège Sacré-Coeur de Sudbury. À cause des rhumatismes de son père, Rosaire dût abandonner ses études pour donner un coup de main à la ferme. A l’âge de 19 ans, il travaillait dans les chantiers de bûcherons pour aider à la survivance de la famille.

Rosaire avait déjà commencé, depuis l’age de 16 ans, à s’initier au métier de cordonnier; il voulait un passe-temps, il en fit sa vie.

B. Apprentissage

C’est un certain monsieur Hamest qui initia Rosaire au métier de cordonnier. À l’époque, il n’y avait pas de moulins pour coudre on achetait le cuir chez le tanneur puis on l’installait sur des montures et on faisait des souliers.

LA CORDONNERIE

A. Son érection

A l’âge de 23 ans, Rosaire vint s’ installer Béarn qui est une petite municipalité voisine de Lorrainville. Il voulait s’établir sur une ferme et, éventuellement, y fonder une famille. L’année suivante, il se marie avec une fille de la place qui répondait au nom de Pauline Morin. À cette époque, la cordonnerie n’existait pas; elle ne viendra qu’une dizaine d’années plus tard. Rosaire se contentait de réparer les souliers et vêtements de la famille avec l’aide d’un moulin qu’il avait installé dans sa cave. De plus, ses connaissances dans ce domaine lui apportèrent beaucoup d’aide pour la réparation de selles et de harnais; car cette époque les travaux de la ferme s’effectuaient grâce aux chevaux.

Peu à peu, les parents proches et les amis vinrent faire effectuer de petits travaux de sellerie et de cordonnerie par monsieur Douaire. De fil en aiguille, tous les habitants de la paroisse apportèrent chez monsieur Douaire, tout ce qui était de cuir et qui avait besoin de réparations. Rosaire décida donc d’annexer un petit atelier à sa maison afin de faciliter ses travaux et ses rapports avec la clientèle. Aujourd’hui, tout le monde de la paroisse de Béarn connait Rosaire Douaire et vient, un jour ou l’autre, à, sa boutique qui a su garder un cachet pittoresque.

B. Son rôle

Alors qu’aujourd’hui nous vivons dans une société « de jeter après usage », il fût un temps où la cordonnerie jouait un rôle social primordial. Tous les travaux de la ferme, ainsi que les travaux forestiers se faisaient l’aide de la force animale. Monsieur Douaire raconte qu’un hiver, il y avait 57 attelages complets qui attendaient sur son perron pour se faire réparer.

Les habitants de la paroisse se chaussaient chez le cordonnier; il n’était pas question de mode, on portait des « souliers de boeufs », qui étaient confortables et fonctionnels. Aujourd’hui les modes changent et les gens ne prévoient pas acheter une paire de souliers pour 20 ans.

D’ailleurs son atelier est à vendre. Il dit que ça ne vaut plus la peine de réparer des souliers à cause du prix exorbitant du cuir ($3.70/pi2) et des morceaux de machines qui coûtent une fortune .

LES OUTILS ET MATÉRIAUX

A. Outils d’antan et modernes

L’outil principal du cordonnier, c’est le moulin. Monsieur Douaire préfère de loin le moulin à pédales qui permet un meilleur contrôle de la vitesse d’exécution.

Ce moulin date de 1942.

Sur la page suivante, nous apercevons un moulin spécial pour coudre les semelles de souliers. I’usage de cet instrument demande une certaine force physique, car on doit pousser fortement sur le soulier pour permettre une bonne prise de l’aiguille sur la semelle.

Ce qui frappe le plus, parmi les outils du cordonnier, la panoplie de marteaux que l’on y rencontre. De formes variées,ils permettent d atteindre les endroits les plus inaccessibles à l’intérieur du soulier.

La photo suivante montre un instrument pour couper le cuir.

À remarquer la quantité de brosses qui servent à polir, à lustrer ou à nettoyer le soulier.

B. Cuirs et synthétiques

Face au marché actuel des produits synthétiques, le cuir devient presque du luxe. Les grandes industries de la chaussure de concert avec les producteurs de produits synthétiques ont envahi le marché de la chaussure. L’acheteur moyen se laisse facilement leurrer par l’aspect esthétique qu’il valorise aux dépens de la qualité et de la durabilité.

Les marchands de cuir tirent le maximum de la peau d’une bête; ils n’agissent qu’en fonction de la rentabilité et du profit. Le cuir vendu au cordonnier et aux industries de la chaussure est souvent très mince et n’offre pas les qualités du cuir d’antan.

Comme on dit « Autre temps, autres mœurs ». La vie rude de nos aïeuls exigeait des souliers forts et durables, donc, un cuir solide et épais. Le confort de la vie moderne a porté l’accent sur l’esthétique et l’imagination artistique.

Le métier de cordonnier doit s’adapter aux exigences de la société moderne. D’ailleurs monsieur Douaire constate que les colles pour le cuir n’offrent pas un rendement adéquat lorsqu’il s’agit de les appliquer sur des synthétiques.

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Une photo des déménagements de maison de mon grand-père

J’ai finalement trouvé une photo documentant les déménagements de maison que mon grand-père effectuait… et cette photo représente non le moindre des déménagement de maison. Il s’agit du déménagement de la maison des Duquette à Saint-Placide-de-Béarn, une maison de deux étages.  Sur la photo, on note plusieurs choses: d’abord, le camion qui transporte la maison; ensuite, le fait qu’elle soit précédée d’un bulldozer; enfin, la clôture couchée du côté gauche du champ, afin de laisser passer la maison.

Et aussi, pour illustrer le propos, une photo de Rosaire (l’auteur de ce déménagement) et Pauline, son épouse.

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Post-Scriptum au dossier de l’eau minérale de Saint-Léon

De nos jours, la source de Saint-Léon se trouve sur un terrain privé. Je n’encourage personne à y aller car, en définitive, on comprend le propriétaire de ne pas vouloir être dérangé quotidiennement par des passants qui désirent voir la source… D’autant plus que, finalement, l’eau de la source risque de décevoir la majorité des visiteurs…!

Sur le site, il reste donc des traces des installations — un kiosque, ainsi qu’une structure ressemblant à un puits:

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La source se jette dans la rivière à un endroit tout à fait bucolique – il s’agit de la rivière du loup:

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Voici les escaliers qui mènent à la source, ils sont situés vis-à-vis le kiosque, en contrebas de la rivière du Loup:

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Et la source en elle-même :

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Comme on le voit d’après les traces sur le béton, c’est une eau qui possède de toute évidence une teneur en soufre élevée. L’eau a une forte odeur d’œufs pourris, rien qui ne donne le goût de la boire. Ceci étant dit, est-ce que la source, il y a 50 ans, avait cette teneur et ce goût?

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Un système ingénieux et canin

La vie sur les fermes, au début du 20ième siècle au Québec, était difficile.  C’était particulièrement vrai dans ces régions en développement comme le Témiscamingue, car tout y était à faire – défrichement, installation, subsistance et tout.

Dans le petit village de Béarn, au Témiscamingue, dans la province de Québec, les chiens étaient mis à contribution. Ils grimpaient dans des roues et, un peu comme nos hamsters de compagnie, ces chiens couraient dans des roues de bois et fournissaient le travail requis pour baratter le beurre ou écrémer le lait.

Un tel fait est peu connu. Des recherches sur Google ou dans la littérature ne donnent presque rien. De ce que je comprends, la contribution des chiens, de ce point de vue, est passée inaperçue à ce jour. Elle s’est produite surtout au 19ième siècle, avant l’arrivée des moteurs à combustion et les moteurs électriques. Est-ce que cela était une particularité de certaines régions du Québec, ou est-ce que cela se faisait un peu partout, je l’ignore. Mais on trouve quelques références dont voici deux exemples.

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Chien dans une route entraînant une machine à coudre, système breveté par Heinrich Feldt en 1888.

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Alternativement, au lieu d’un chien courant dans une roue, certains chiens étaient attelés à des ponts roulants fournissant eux aussi une puissance motrice, souvent pour baratter le beurre ou écrémer le lait.

Mon grand-père, inspiré par les mécanismes alimentés par la puissance canine utilisés en particulier pour les travaux reliés à la laiterie, avait décidé d’aider la famille dans ses nombreuses tâches quotidiennes.  Il a donc construit une roue en bois faisant environ 7 pieds de diamètre, installée dans le sous-sol de la maison familiale, et dans laquelle un chien pouvait courir, fournissant l’énergie nécessaire pour activer la laveuse à linge qui s’opérait à l’aide d’un levier.

Essayons de décrire ce système. Tout d’abord, voici ci-dessous  ce à quoi ressemblait une machine pour laver le linge en ce début de 20ième siècle.

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Il s’agissait ni plus ni moins d’un baril assez bas, dont certaines des planches (ou douelles) formaient les pattes. Le levier se déplaçait de gauche à droite, mouvement transformé en rotation par un système pignon et crémaillère. C’est ce mouvement, très similaire à celui de nos machines actuelles, qui lavait le linge. On imagine la tâche colossale du lavage pour une famille de 14 enfants à l’aide d’un tel appareil… Le danger d’un tel système aussi est réel: mon père rapporte le cas d’un enfant qui, intrigué par le bouchon du baril (visible ci-dessus), tira dessus: il fut renversé par un jet d’eau bouillante et décéda après des jours d’atroces souffrances…

Revenons au système activant ce genre de laveuse à levier. Ci-dessous, un croquis effectué par mon père décrivant le système.

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La première roue au sous-sol est celle dans laquelle le chien court. Les côtés de la roue sont ouverts mais du grillage identique à celui utilisé dans les poulaillers évite que le chien ne se blesse sur les mécanismes tournant du système. Le chien court donc dans cette roue sur des planches montées transversalement, et cette roue est solidaire d’une première poulie formée de plusieurs épaisseurs de planches clouées à 90 degrés et taillées en rond. Cette poulie entraîne une seconde poulie plus petite via une courroie de cuir, laquelle comporte un levier décentré (c’est lui qui transforme le mouvement circulaire en mouvement de va-et-vient) qui passe par une ouverture du plancher pour s’arrimer au levier de la machine à laver. Au besoin, on peut refermer l’ouverture dans le plancher. La roue canine est fixée contre la fondation de la maison d’un côté, et est soutenue par une poutre verticale de l’autre côté. Une partie du grillage de la roue comporte une porte avec penture et loquet pour faire entrer et sortir le chien.

Voici en plus de détails la roue canine, vue de face et vue latérale:

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Un second système permet de contrôler la vitesse à laquelle le chien court dans la roue, ou pour l’arrêter complètement. Il s’agit de deux planches montées à l’intérieur de la roue, et fixées sur l’axe de la roue qui n’est pas solidaire de la roue tournante. Ces deux planches montées à 90 degrés peuvent être ajustées de façon à ralentir le chien ( en l’empêchant de grimper trop « haut » dans la roue) ou à l’encourager d’aller plus vite ( en le forçant à aller plus « haut » dans la roue). Cet ajustement se fait via deux broches ou cordes qui, elles aussi, passent par une ouverture dans le plancher. La planche pour encourager le chien à aller plus vite comporte des petits clous pour être plus convaincante… lesquels piquent le derrière du chien s’il ne court pas assez vite.

Voici un croquis décrivant ce système de contrôle de vitesse:

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C’est ainsi qu’on lavait le linge chez Rosaire et Pauline dans les débuts, dans les années 1930… on imagine qu’un tel système complexe a dû nécessiter des ajustements, des essais, une infinie patience… Le système fut utilisé pendant plusieurs années. Mais bientôt, la motorisation devenait disponible et un tel système n’était plus nécessaire. L’antique laveuse à linge à levier fut remplacée par une machine à laver de marque Horton entraînée par un moteur à essence. Un voisin acheta la roue canine.

Horton

Cette laveuse comporte donc un moteur à essence, et on le démarre en appuyant sur une pédale métallique… le grand progrès!

 

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Les yeux levés aux cieux

Jean-Marie Cossette, propriétaire de la compagnie Aviation Point du Jour Limitée, avait monté un modèle d’affaires bien particulier. Laissons la BANQ nous décrire leur modus operandi:

La mission de la compagnie est de photographier, à partir d’avions ou d’hélicoptères, à basse altitude, les régions rurales, particulièrement les maisons de ferme et leurs bâtiments, village par village, et de vendre ces photographies, par l’intermédiaire de représentants, suivant une sollicitation de clientèle faite à domicile, aux agriculteurs propriétaires.

Depuis l’avion, on photographie donc des bâtiments, des terrains, des paysages. Parfois, par accident, on finit par immortaliser les passants, des résidents qui, surpris par un avion volant si bas, lèvent les yeux vers les cieux… Ces cas sont intéressants – autant de tranches de vies ordinaires dans le plat pays agricole et les petits villages qui somnolent sous le soleil écrasant de l’été. Moments des années soixante-dix et quatre-vingts figés pour l’éternité.

Chaque hyperlien sous l’image retourne à l’originale de la BANQ, la cote étant bien identifiée dans le nom de l’image.

* À Saint-Nazaire-d’Acton, trois motards lèvent les yeux au ciel et observent l’avion.

1* Trois hommes dans la cour d’une entreprise d’excavation observent l’engin d’acier qui passe.

3

* Portrait de famille autour de voitures garées.

7

* Deux silhouettes, un garage.

8

* À tracteur à couper le gazon.

11

* On salue les vrais, le bras en l’air. Petite roulotte qui s’asseoie.

37

* On lave l’asphalte.

38

* On gaz le char.

41

* À la plage, avec une chaloupe.

26

* À la table à pique-nique.

24

* Salutations, bien haut

19

Et pour finir, un portrait de nos valeureux photographes:

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Le pont Legault, au Grand Marais – Sainte-Martine

Comme plusieurs des articles que je publie ici, tout commence par une balade en voiture, un peu au hasard des routes, quelque part à Sainte-Martine en Montérégie.

Depuis le rang du Grand Marais, j’aperçois en contrebas de la route un pont passablement dégingandé. Rapidement, je constate que ce pont est enclavé derrière des terrains privés, sans route pour s’y rendre – il est donc abandonné. Il est localisé à cet endroit où le ruisseau du Grand Marais se jette dans la rivière Châteauguay. Je ne vois aucun accès par route, je prends donc la photo que voici à une certaine distance:

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J’effectue quelques recherches rapides sur Internet: au niveau du Pistard de la BANQ, je trouve trois notices assez précises, les trois ressemblant à ci-dessous:

Pont sur la rivière Grand Marais à Saint-Paul-de-Chateauguay, 1ère concession, lots 23 et 24. Comté de Chateauguay / Jacques Vaillancourt . – 1951

Ça paraît être la bonne chose. En effet, en consultant l’application géomatique de la CPTAQ, je vois que ces lots identifiés ci-dessus correspondent à ce lieu où j’ai observé le pont. Le fait que ces photos aient une référence aux lots est assez exceptionnel, on ne voit guère cela.

CPTAQ-jpg

Comme les documents de la BANQ référents à ce pont ne sont pas numérisés, je les commande via un formulaire. Ils me sont rapidement livrés par courriel ( fantastique service!) moyennant quelques dollars. Je confirme que c’est effectivement le bon pont, tel qu’il était en 1951. Belle trouvaille! Voici donc ces trois images (E6,S7,SS1,P90144E6,S7,SS1,P90145E6,S7,SS1,P90146) tirées de la BANQ:
E6,S7,SS1,P90144

E6,S7,SS1,P90145

E6,S7,SS1,P90146La suite est d’aller consulter les actes notariés reliés au cadastre de cette région, puisqu’il risque d’y avoir des mentions de ce pont…

Effectivement, et comme c’est souvent le cas, j’arrive à déterminer que ce pont se nomme le pont Legault, du nom du propriétaire de la terre près duquel il est érigé, le lot 24, un certain agriculteur nommé Olier Legault. Cet acte du 27 janvier 1925 (minute 48638 du comté de Châteauguay) vise un changement de tracé du « chemin du roi », que je présume être l’ancien nom du chemin du Grand Marais. On y mentionne :

(…) Changer le tracé du chemin du roi passant sur la partie dudit numéro vingt-quatre, comme suit, savoir: à partir de trois arpents et cent vingt-six pieds du pont dénommé « Pont Legault », (…)

Voilà donc pour le pont Legault. En observant la chaîne de titres de ce lot, on note que la famille Legault occupe ce coin de territoire depuis des dizaines d’années, comme c’était coutume à l’époque. La famille voisine, les Dubuc, dont le nom est mentionné dans le même acte notarié, en la personne de Monsieur Beauséjour Dubuc, ont eux aussi donné leur patronyme au rang et au pont tout à côté.

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Déménagement de maisons…suite

Dans l’article relatant les histoires de déménagement de maison effectués par mon grand-père, je parlais de vérins pour soulever les maisons. Ces vérins permettaient de glisser sous les maisons des patins pour qu’elles puissent être tirées, ou encore, de faire monter ces maisons suffisamment haut afin qu’elles puissent être déposées sur une « float » et tirées par un bulldozer.

Voici donc le vérin en question. Il s’agit de ce qu’on nomme un « bottle jack » ou un « screw jack », i.e. un vérin en forme de bouteille. Mon grand-père en possédait deux autres:

Vérin à vis

La taille de cet outil est d’environ 18 pouces de haut. Il est fabriqué en fonte massive. Il possède trois œillets qui permettent de glisser une barre d’acier qui, à son tour, permet de tourner le vérin et de lever la charge. Avant d’utiliser un tel vérin, il fallait de le graisser abondamment afin que les filets de la vis soient faciles à mouvoir. On utilisait pour ceci de la « graisse de roue ».

Apparemment, mon arrière-grand-père Morin possédait des vérins qui étaient deux fois plus hauts — leur poids était si grand qu’une personne suffisait à peine à les porter…!

De tels vérins valaient environ 8 dollars vers 1930, comme en fait foi la publicité ci-dessous.

Jack_screw

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