Des îles, des rivières et des toponymes

Le père Paul Le Jeune, Jésuite de Nouvelle-France, écrit en septembre 1636 dans les Relations des Jésuites, suite à un voyage avec le Gouverneur de Montmagny :

De toutes les îles que nous vîmes là, il n’y en a que deux ou trois remarquables; le reste est petit, et à mon avis, est noyé au printemps. Voici comme les îles sont coupées: le grand fleuve S. Laurent baigne la terre d’un de nos Messieurs, du côté du sud; traversant au nord, il fait deux îles, l’une qui a peut-être une lieue et demie de long, mais elle est fort étroite; l’autre, c’est la grande île, nommé de Montréal.

La première île sans nom est l’île Saint-Hélène. Était-elle nommée à l’époque? Oui; mais le père ne connaît peut-être pas son nom. Laissons le père Le Jeune continuer sur l’île de Montréal:

Cette île paraît coupée par le milieu d’une double montagne qui semble la traverser.

Beaucoup de Montréalais n’ont pas réalisé qu’il y a effectivement 2 sommets au Mont-Royal, Westmount (de nos jours entourée par le summit circle) et le Mont-Royal lui-même, où trône la croix érigée en souvenir de celle que Maisonneuve avait lui-même installé à cet endroit. Le père Le Jeune continue en parlant de la cité autochtone d’Hochelaga, sans la nommer:

J’apprends que les Sauvages de l’Ile ont autrefois défriché et tenu une bourgade vers cette montagne, mais ils l’ont quittée, étant trop molestés de leurs ennemis; ils nomment encore ce lieu de l’île où il y avait une bourgade.

Ensuite, on parle de ce qui se trouve au nord de Montréal, soit l’actuelle ville de Laval sur l’île Jésus :

Au côté du nord de l’île de Montréal, passe la Rivière des Prairies, qui est bornée par une autre île, belle et grande, nommée l’Ile de Montmagny. Au delà de cette île est la rivière S. Jean qui touche aux terres fermes, du côté du nord; (…)

L’île de Montmagny est donc l’île Jésus et la rivière Saint-Jean, l’actuelle rivière des Mille-Îles. Et non content de décrire les lieux, le père en décrit les origines toponymique :

Je dirai, en passant, d’où sont tirés les noms de ces fleuves. La rivière S. Jean tire sa dénomination du sieur Jean Nicolet, truchement et commis au magasin des Trois-Rivières; il a souvent passé par tous ces endroits. La rivière des Prairies fut ainsi appelée pour ce qu’un certain nommé des Prairies, conduisant une barque, et venant à cet affour ou rencontre de ces trois fleuves, s’égara dans les îles qu’on y rencontre, tirant à cette rivière, qu’on nomma puis après son nom, au lie de monter dans le fleuve de S. Laurent où on l’attendait.  Pour le grand fleuve, je ne sais à quelle occasion on lui a fait porter le nom de S. Laurent, peut-être pour avoir été trouvé ce jour-là.

Effectivement, le fleuve Saint-Laurent, décrit pour la première fois par Jacques Cartier le 10 août 1534, le jour de la Saint-Laurent.

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